C’est à partir de la fin du Moyen Âge que commencent à se préciser la figure et le statut de l’étranger. Il fait alors l’objet d’une attention renouvelée, tant au niveau des pouvoirs centraux qu’à l’échelle locale. Omniprésent sur les littoraux atlantiques, il contribue à l’ouverture maritime de biens des villes européennes ou américaines, après avoir longtemps – et avant tout – incarné un « danger venu de la mer » (razzias, piraterie). Tour à tour condamné, dénoncé ou protégé, l’étranger peut être doté, sur le long terme, de toutes les vertus par les populations d’accueil ou être, au contraire, affublé des plus grands maux. Il fait peur et attire à la fois : vu comme une menace pour certains, il constitue pour d’autres un gage de prospérité et de progrès. Il peut bousculer les traditions, provocant adhésion ou rejet. De bouc-émissaire en période de crise ou de tension, il peut se transformer en un formidable acteur du développement économique, social et culturel. Lieux de transit ou d’installation définitive, les villes-ports constituent des observatoires privilégiés pour l’étude de ces étrangers, qui y occupent une place singulière, parfois centrale. Fruit d’une collaboration franco-allemande, les différentes contributions, réunies ici dans une optique comparative, entendent confronter expériences individuelles ou collectives, en s’attachant notamment aux réseaux relationnels et aux conditions d’existence : sont non seulement évoqués les étrangers ayant foulé de leurs pieds la France et les pays germaniques, mais aussi ces très nombreux allemands ou français qui ont décidé de quitter leur pays d’origine pour s’installer en territoire étranger. Avec des motivations et des parcours individuels qui relèvent certes parfois du domaine de l’aventure, mais qui permettent surtout de s’interroger sur les phénomènes d’intégration, d’exclusion ou de transferts culturels qui ont marqué, sur le long terme, nos sociétés contemporaines.