Cet ouvrage, coécrit par Peter Gaida et Emmanuel Dorronsoro, allie Histoire et Mémoire.
Le choix du titre nécessite une précision importante : l’appellation « Espagnols rouges », pour être historique, n’en est pas moins discutable. Pour Franco, toutes celles et ceux qui n’avaient pas rejoint « sa » rébellion étaient des rebelles… joli paradoxe ! Les républicains de droite, les radicaux, les socialistes, les anarchistes, les Poumistes, « tous des rouges ! » et, dans le contexte de l’époque, « tous communistes ! » C’était inexact mais ce fut portant la stratégie que le dictateur employa avec constance pour apparaître aux yeux du monde occidental comme le chantre de l’anticommunisme. « Mieux vaut Hitler que le Front populaire ! ». Au moyen de cette simple manipulation sémantique, Franco s’attira toutes les sympathies des droites occidentales et resta sur son « trône » jusqu’en 1975.
Assujettis au travail forcé en Gironde (comme ailleurs) dans le cadre de l’organisation Todt, les « Rotspanier » connurent l’internement dans l’archipel des camps du département parmi lesquels le « centre de séjour surveillé » de Mérignac et le frontstalag de Saint-Médard-en-Jalles étudiés avec précision et de manière inédite. La construction du Mur de l’Atlantique et de la base sous-marine de Bordeaux furent pour eux des lieux de souffrance et d’asservissement. Malgré tout, à l’image de Celestino Alfonso, républicain espagnol FTP-MOI du groupe Manouchian, fusillé au Mont Valérien, nombre d’entre eux s’engagèrent dans la Résistance et sacrifièrent leur vie sur le sol de France.
À la caserne Niel à Bordeaux-Bastide, 3 000 « Espagnols rouges » furent internés dans des conditions très particulières entre l’automne 1942 et l’été 1944. Le 27 août 1944, veille de la libération de Bordeaux, Pablo Sánchez meurt les armes à la main à proximité du pont de Pierre. A‑t-il sauvé le pont de Pierre comme certains l’affirment ?