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Les « Espagnols rouges » à Bordeaux (1939−1945)

Internement, travail forcé et Résistance des Républicains espagnols en Gironde

Cet ouvrage, coécrit par Peter Gaida et Emmanuel Dorronsoro, allie Histoire et Mémoire.

Le choix du titre néces­site une pré­ci­sion impor­tante : l’appellation « Espagnols rouges », pour être his­to­rique, n’en est pas moins dis­cu­table. Pour Franco, toutes celles et ceux qui n’avaient pas rejoint « sa » rébel­lion étaient des rebelles… joli para­doxe ! Les répu­bli­cains de droite, les radi­caux, les socia­listes, les anar­chistes, les Poumistes, « tous des rouges ! » et, dans le contexte de l’époque, « tous com­mu­nistes ! » C’était inexact mais ce fut por­tant la stra­té­gie que le dic­ta­teur employa avec constance pour appa­raître aux yeux du monde occi­den­tal comme le chantre de l’anticommunisme. « Mieux vaut Hitler que le Front popu­laire ! ». Au moyen de cette simple mani­pu­la­tion séman­tique, Franco s’attira toutes les sym­pa­thies des droites occi­den­tales et res­ta sur son « trône » jusqu’en 1975.

Assujettis au tra­vail for­cé en Gironde (comme ailleurs) dans le cadre de l’organisation Todt, les « Rotspanier » connurent l’internement dans l’archipel des camps du dépar­te­ment par­mi les­quels le « centre de séjour sur­veillé » de Mérignac et le fronts­ta­lag de Saint-Médard-en-Jalles étu­diés avec pré­ci­sion et de manière inédite. La construc­tion du Mur de l’Atlantique et de la base sous-marine de Bordeaux furent pour eux des lieux de souf­france et d’asservissement. Malgré tout, à l’image de Celestino Alfonso, répu­bli­cain espa­gnol FTP-MOI du groupe Manouchian, fusillé au Mont Valérien, nombre d’entre eux s’engagèrent dans la Résistance et sacri­fièrent leur vie sur le sol de France.

À la caserne Niel à Bordeaux-Bastide, 3 000 « Espagnols rouges » furent inter­nés dans des condi­tions très par­ti­cu­lières entre l’automne 1942 et l’été 1944. Le 27 août 1944, veille de la libé­ra­tion de Bordeaux, Pablo Sánchez meurt les armes à la main à proxi­mi­té du pont de Pierre. A‑t-il sau­vé le pont de Pierre comme cer­tains l’affirment ?

Du même auteur :
Les « Groupes de travailleurs étrangers » (GTE) France et Afrique du Nord 1940-1944 
(2023)