Collection :

Camps de travail sous Vichy

Les « Groupes de travailleurs étrangers » (GTE) France et Afrique du Nord 1940-1944

Durant les « années noires », la France et ses colo­nies d’Afrique du Nord se couvrent de nom­breux camps de tra­vail, pour des chô­meurs fran­çais, des sol­dats « colo­niaux » et des réfu­giés étran­gers, tous gérés par un nou­veau « Commissariat à la lutte contre le chô­mage » créé par le régime de Vichy. Des mil­liers d’étrangers – dont 30 000 Espagnols réfu­giés poli­tiques de la Guerre d’Espagne – sont incor­po­rés par le régime de Vichy dans de nom­breux « Groupes de tra­vailleurs étran­gers » (GTE) et for­cés de tra­vailler dans l’agriculture et dans l’industrie de la zone dite « libre ». Cette « xéno­pho­bie d’État » trouve son pro­lon­ge­ment en Afrique fran­çaise du Nord où plu­sieurs mil­liers de réfu­giés étran­gers et de com­mu­nistes fran­çais dépor­tés de la métro­pole sont éga­le­ment regrou­pés dans des GTE afin de réa­li­ser un vieux rêve colo­nial : un che­min de fer à tra­vers le désert, le « Transsaharien ».

Dans le cadre de la Collaboration d’État, le régime de Vichy « livre » éga­le­ment 40 000 réfu­giés espa­gnols à l’Organisation Todt (OT) qui construit pour l’armée alle­mande sur le lit­to­ral fran­çais cinq bases sous-marines et 8 000 bun­kers du « Mur de l’Atlantique ». Dans une cen­taine de camps de tra­vail peu connus, l’Organisation Todt emploie des mil­liers de tra­vailleurs for­cés fran­çais, espa­gnols, russes, « colo­niaux » et juifs. Les camps les plus durs de l’OT sont ouverts dans les îles de la Manche où 800 tra­vailleurs for­cés trouvent la mort. Avec envi­ron 10 000 « gué­rillé­ros », les réfu­giés espa­gnols éva­dés des GTE sont le plus impor­tant groupe d’étrangers dans la Résistance.

Cette étude, basée sur de nom­breuses archives, retrace pour la pre­mière fois cette his­toire d’une « France des camps de travail ».

Du même auteur :
Maîtres d’ouvrages et travailleurs forcés 
(2024)