La modernisation de l’agriculture dans la seconde moitié du XXe siècle a pu laisser croire que, avec la « fin des paysans », la « question agraire » était réglée ; l’agriculture était devenue un secteur économique comme un autre, et les espaces ruraux des zones pleinement intégrées à la circulation générale des personnes, des produits et des capitaux. La crise du productivisme et des politiques agricoles nationale et européenne à partir des années 1970, juxtaposant des espaces d’agriculture intensive menacés de saturation et des espaces d’agriculture résiduelle menacés de dévitalisation, provoqua une profonde remise en cause du modèle de développement dominant, et l’éclosion d’une grande diversité d’expériences alternatives. Les tentatives de l’État, de l’Union européenne et enfin des régions issues de la décentralisation pour soutenir et donner une cohérence à ces expériences dans un contexte de profonde mutation du rapport des populations à l’espace et de globalisation déstabilisatrice des régulations démocratiques et sociales, ne firent que confirmer les choses : la « question agraire » était de retour – au pluriel, cette fois.