L’Enterrement à Ornans est généralement présenté comme « les colonnes d’Hercule du Réalisme ». Dès sa présentation au Salon de 1850 – 1851, il fut l’objet d’une violente polémique et son auteur fut accusé de peindre « le laid », « le trivial », « l’ignoble ». La forte personnalité du « maître d’Ornans », les engagements politiques qui lui ont été prêtés — notamment pendant la Commune de 1871 — et sa mort en exil en 1877 ont contribué pendant plus d’un siècle à une lecture univoque de l’Enterrement : manifeste réaliste, il ne pouvait que représenter le petit peuple paysan. L’application des méthodes de la prosopographie historique aux figurants de l’Enterrement, le recours aux documents originaux – innombrables comptes rendus de presse, correspondances – et la prise en compte des travaux les plus récents sur Courbet et son ouvre permettent de proposer une relecture du tableau aujourd’hui installé au Musée d’Orsay à Paris.