À la fin du Moyen Âge, les campagnes maritimes saintongeaises sont sur une frontière à plus d’un titre : une frontière politique en cours d’apaisement avec la Guyenne anglaise au cours du XVe siècle et une frontière en « falaise de la mer » face à un espace atlantique à la fois redouté du fait des transgressions marines et des descentes ennemies mais qui ouvre également de nouvelles perspectives aux marins saintongeais. À l’écart des grands centres urbains (La Rochelle, Bordeaux ou Saintes), cet espace rural, durement éprouvé par la guerre de Cent Ans, va entamer sa reconstruction en s’appuyant sur cette ouverture maritime qui lui apporte des ressources alimentaires (pêche à pied, pêche en mer, commerce…), des matériaux (matériaux de construction en particulier), de nouveaux arrivants qui viennent compenser les pertes démographiques et également une fenêtre pour s’insérer dans le commerce atlantique en plein essor.
Sans parler « d’appel du rivage », la reconstruction saintongeaise va être accélérée par cette assise littorale. La production en grande quantité du sel, un des produits phares du grand commerce, offre à cette ruralité maritime une ouverture internationale qui est une véritable aubaine en matière d’investissements et d’apports de devises dans un espace dépourvu de grands centres urbains. Sans atteindre le dynamisme des grandes villes-ports de La Rochelle et Bordeaux qui délimitent cet espace au nord et au sud, la Saintonge maritime parvient à une certaine aisance au début du XVIe siècle, aisance qui contraste avec l’état de désolation de la première moitié du XVe siècle.