Cet ouvrage, centré sur les fêtes publiques et officielles du XIXe siècle s’inscrit dans les nouvelles perspectives de l’histoire culturelle en France. L’auteur étudie sur près de soixante ans, de 1815 à 1870, les innombrables célébrations par lesquelles cherchent à s’affirmer des régimes politiques forts différents mais tous marqués par l’idéal libéral. Une lecture exhaustive des Archives nationales, mais aussi celles de plus de vingt départements fort divers (Seine-Inférieure, Var, Gironde, Côtes-du-Nord, Rhône…) permet de décrypter le langage symbolique des fêtes. On y perçoit la cohérence des politiques culturelles de quatre gouvernements qui surent utiliser tous les médias, des plus anciens (chanson, théâtre, faux d’artifices) aux plus modernes (presse sport, publicité). Tous ces viatiques permirent d’imposer des codes et de nouvelles sociabilités aux populations par la fête. Cependant, en retour, le public sut s’emparer des symboles proposés pour dialoguer avec le pouvoir et même promouvoir la démocratie, du drapeau tricolore aux aigles triomphales de Napoléon III, en passant par la figure progressiste de Marianne. Lors de l’inauguration d’arbres de la liberté, sur les places où l’on dansait, dans la touffeur des cafés ou sur les premiers stades, mais aussi dans les caves où se préparaient chants, danses ou graffitis subversifs, l’auteur nous dévoile une nouvelle « sociabilité festive ». C’est la fête libérale et émancipatrice, que tous les pouvoirs finirent par reconnaître que cet ouvrage nous offre à mieux connaître.