La tempête Xynthia (27−28 février 2010) a entraîné une submersion majeure du littoral du Centre-ouest français. Mais doit-elle être considérée comme un événement sentinelle, le signe avant-coureur des effets redoutés des changements climatiques ? Avant de répondre à cette question, posée de manière brûlante par l’actualité, la recherche universitaire a souhaité dresser un bilan aussi complet que possible des connaissances disponibles. La publication de ce colloque pluridisciplinaire, organisé à Brouage, Rochefort et La Rochelle du 18 au 20 novembre 2010, constitue une première réponse. Le lecteur y trouvera de quoi satisfaire une curiosité bien légitime. Le terrien, qu’il soit habitant, entrepreneur ou touriste, doit aujourd’hui s’approprier les problèmes qui font le quotidien du marin : la marée, la houle, le vent ou la tempête. Car le navire est conçu, lui, pour l’épreuve de la mer, l’affrontement. Pour les littoraux occupés, transformés et mis en valeur par l’homme, ce défi a au contraire tout l’air d’une nouveauté, ce que nuance le recueil d’articles présentés dans ce livre. Ainsi, l’événement extrême qui semble toujours inédit à ceux qui le vivent apparaît comme un objet banal en histoire. La capacité des sociétés traditionnelles à s’en relever interroge d’ailleurs nos sociétés développées, dans un contexte d’élévation indiscutable du niveau des océans. C’est qu’à mesure que le « désir de rivage » s’est installé, la familiarité avec la mer s’est amenuisée. La nécessité de disposer d’observations et d’indicateurs précis n’en est que plus vitale, car on doit savoir à quoi l’on s’expose quand on vient vivre en bord de mer. La réduction de la vulnérabilité passera par une pédagogie voire une restauration de cette culture du risque que les marins et les riverains de l’océan avaient jadis en commun.