Les « intellectuels » sont nés au moment de l’affaire Dreyfus et le néologisme désignait à l’origine une avant-garde culturelle et politique qui osait défier la raison d’État. D’où une tradition qui situe l’engagement politique des intellectuels souvent en opposition avec les élites dirigeantes, dont ils tendent à devenir la mauvaise conscience. L’auteur s’est intéressé à ceux d’entre eux qui n’ont pas voulu se satisfaire de ce rôle de critique et qui se sont confrontés à la réalité du pouvoir. Certains intellectuels sont allés jusqu’à accepter des postes (plus ou moins officiels) proposés par les dirigeants charismatiques que furent De Gaulle, Mendès France et Mitterrand, au détriment quelquefois de leur carrière universitaire ou médiatique. On voit ainsi défiler Albert Camus, François Mauriac, Jean-Jacques Servan-Schreiber, Jean Daniel, André Malraux, Régis Debray, notamment. Or, la confiance dont bénéficient ces grands hommes politiques est souvent présentée comme faisant une large part à l’affectif, voire à l’irrationnel. Il peut donc sembler paradoxal de voir les intellectuels se lier à de tels personnages. L’étude de leurs relations avec des personnalités charismatiques peut être aussi une manière de démystifier un pouvoir qui demeure souvent mystérieux