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Le Vietnam, de la « protection » de la France à l’influence américaine 1953 – 1956

La déli­cate tran­si­tion des années 1950, au Viêtnam – de la puis­sance colo­niale fran­çaise à la pro­tec­tion amé­ri­caine – illustre la com­plexi­té des rela­tions entre puis­sances occi­den­tales, au sein d’une même alliance. L’Indochine offre alors un exemple excep­tion­nel de trans­fert d’empire, d’une « trans­la­tio impe­rii » que l’on peut dater avec pré­ci­sion : 1954.

Jusqu’à la catas­trophe finale, le gros han­di­cap de la France pro­cède du fait qu’elle ne nour­rit aucun pro­jet digne de ce nom pour le Vietnam et qu’elle ne réus­sit jamais à défi­nir à quoi devrait res­sem­bler exac­te­ment l’Union fran­çaise créée le 27 octobre 1946.

Rompant avec ses pré­dé­ces­seurs, l’administration Eisenhower se montre autant anti­co­lo­nia­liste que favo­rable à l’idée que les futurs États déco­lo­ni­sés pré­servent des liens consub­stan­tiels avec la France. Une période de deux ans s’ouvre en 1953 – 1954 – de l’investiture d’Eisenhower à Diên Biên Phù – durant laquelle, la France aurait pu ache­ter clé en main le pro­jet amé­ri­cain, avec une chance de main­te­nir son influence dans son empire en voie d’émancipation.

Mais la volon­té d’exporter les valeurs amé­ri­caines se heurte fron­ta­le­ment aux méthodes du vieux conti­nent, la France en l’occurrence. C’est tout ou rien. Les deux gram­maires géo­po­li­tiques, la gram­maire fran­çaise et la gram­maire amé­ri­caine ne peuvent pas s’exprimer ensemble, en même temps, au même endroit.

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