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Le Souffle du dragon

Diplomates, marchands et missionnaires face à la Chine impériale

Poton ! (Bu dong, en chi­nois : « Je ne com­prends pas ! »). Telle fut la réponse don­née, début 1795, par l’ambassadeur néer­lan­dais de la Compagnie des Indes orien­tales, à l’empereur Qianlong, qui le rece­vait en audience à l’occasion de la soixan­tième année de son règne. Mais l’incompréhension ne concer­nait pas que la connais­sance du chi­nois. Comme tous ceux qui l’avaient pré­cé­dé – diplo­mates, envoyés par les sou­ve­rains des nations occi­den­tales, mar­chands enga­gés sur les grandes voies ter­restres et mari­times de l’Asie – venus sol­li­ci­ter, qui l’autorisation de com­mer­cer, qui de nouer des rela­tions diplo­ma­tiques per­ma­nentes, le repré­sen­tant de la République des Provinces-Unies affron­tait la bar­rière cultu­relle, édi­fiée depuis des siècles par l’Empire chi­nois face aux étran­gers venus de l’au-delà du « Grand Océan de l’Ouest ».

C’est l’histoire des incom­pré­hen­sions, des mal­en­ten­dus et des ambi­guï­tés ryth­mant la suc­ces­sion des ten­ta­tives d’approche du Dragon qui est évo­quée ici. De la pre­mière ambas­sade venue en 166 à Pékin depuis l’Empire romain, jusqu’à l’instauration de la répu­blique de Chine en 1912, elle se com­pose d’épisodes tan­tôt pit­to­resques, tan­tôt dra­ma­tiques, qui virent les nations impli­quées dans la pre­mière mon­dia­li­sa­tion se heur­ter à un appa­reil d’État supé­rieu­re­ment orga­ni­sé et convain­cu de dis­po­ser d’une suze­rai­ne­té sym­bo­lique sur le monde extérieur.

Portugal, Espagne, Provinces-Unies, France, Angleterre, États-Unis d’Amérique : autant de puis­sances que leurs ambi­tions pré­co­lo­niales et impé­ria­listes, sou­vent concur­rentes, empê­chèrent de com­prendre et d’intégrer les codes et les rituels sophis­ti­qués d’une Chine impé­riale, plus pré­oc­cu­pée de gran­deur natio­nale que d’intérêts économiques.

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