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Le Bonapartisme sous la Troisième République

(1870-1893)

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On croit sou­vent que la République a été éta­blie après 1870 à la suite de grandes luttes élec­to­rales entre roya­listes et répu­bli­cain dont ces der­niers seraient fina­le­ment sor­tis vain­queurs. Mais en réa­li­té, les Français étaient mas­si­ve­ment oppo­sés à tout retour de la monar­chie et l’avenir de la France ne pou­vait se jouer qu’entre deux branches issues de la Révolution, accep­tant toutes les deux les prin­cipes de 1789, le dra­peau tri­co­lore et le suf­frage uni­ver­sel : la République et l’Empire.

Après les résul­tats élec­to­raux catas­tro­phiques durant l’année 1871, l’opinion bona­par­tiste reprit très vite des forces. Alors, pour­quoi cet échec final ? Tout d’abord, le mou­ve­ment se devait de pos­sé­der un pré­ten­dant cha­ris­ma­tique et auda­cieux capable de ras­sem­bler un vaste cou­rant der­rière lui. Après la mort de Napoléon III, en 1873, son fils, le prince impé­rial, redon­na vie à l’idée impé­raile et l’on assis­ta alors à une éton­nante vague de suc­cès élec­to­raux. Mais sa mort en 1879, en Afrique du Sud, pri­va le par­ti d’un véri­table chef. Après lui, le prince Napoléon (fil du roi Jérôme) s’avéra un fos­soyeur du bona­par­tisme que son fils, le prince Victor, ne put redresser.

Le par­ti lui-même se divi­sa très vite en fac­tions rivales que Rouher, le « vice-empe­reur » ne par­vint jamais à ras­sem­bler autour de valeurs com­munes. Le sou­tien à Mac-Mahon et à l’« Ordre Moral » était aux anti­podes du bona­par­tisme ori­gi­nal. En s’unissant à la droite conser­va­trice, les bona­par­tistes per­dirent à la fois leur ori­gi­na­li­té idéo­lo­gique et leur élec­to­rat popu­laire qui va rejoindre le radi­ca­lisme et l’établir dura­ble­ment dans les cam­pagnes fran­çaises. L’aventure bou­lan­giste dans laquelle le par­ti s’engagea à corps per­du et qui lui don­na un bref regain d’espoir signi­fia en réa­li­té l’act de décès d’un cou­rant de pen­sée qui a pour­tant repré­sen­té une phase impor­tante de l’évolution poli­tique de la France mais qui ne sut pas s’adapter aux temps nou­veaux ni pré­sen­ter de pers­pec­tives d’avenir.

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