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Le Bazar et le pouvoir en Iran

Les bâzârs, les mar­chés cou­verts, sont avant tout des « lieux », des bâti­ments, des espaces. Ancêtres des centres com­mer­ciaux, contrai­re­ment aux bâzârs d’autres pays musul­mans dont les fonc­tions se limitent aux com­merces et aux attrac­tions tou­ris­tiques, le bâzâr ira­nien, outre ses dimen­sions éco­no­miques et com­mer­ciales domi­nantes, a des fonc­tions socio­cul­tu­relles et poli­tiques qui lui pro­curent une iden­ti­té propre. L’institution du bâzâr, dans sa défi­ni­tion glo­bale, est un maillon, un inter­mé­diaire indis­pen­sable entre le pays et l’étranger, entre la capi­tale et les pro­vinces et entre le pou­voir et le peuple.

Les bâzâ­ris, issus des couches tra­di­tion­nelles et reli­gieuses ont pour la plu­part des rap­ports de paren­té. Ceux-ci influencent les rela­tions de tra­vail et le fonc­tion­ne­ment interne finan­cier et socio­po­li­tique du bâzâr et le trans­forme en une grande famille élar­gie. Les liens de paren­té avec le cler­gé pro­curent au bâzâr une dimen­sion idéo­lo­gique forte ; d’autre part les habi­tudes cor­po­ra­tistes entre­te­nues et pré­ser­vées pré­cieu­se­ment par les bâzâ­ris au cours des siècles, inten­si­fient sa dimen­sion tra­di­tion­nelle au point où le bâzâr devient le sym­bole, l’élément actif et le garant de la tra­di­tion dans le pays.

Le bâzâr est impor­tant parce qu’en absence d’une bour­geoi­sie natio­nale consti­tuée, en absence de par­tis poli­tiques et d’élections libres en Iran, sans être une struc­ture fon­da­men­ta­le­ment poli­tique, il a tou­jours agi comme un contre-pou­voir et une force d’opposition. Son exis­tence et sa sau­ve­garde deviennent alors indis­pen­sables et vitales pour le peuple iranien.

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