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La Politique des plaintes

Clientélisme et demandes sociales dans le Vaucluse d'Edouard Daladier (1890-1940)

Sous la direction de 
bh_politique

Les pra­tiques de recom­man­da­tion et d’in­fluence ont été tolé­rées et dénon­cées tout au long de la IIIe République. Incompatibles avec le pro­jet répu­bli­cain d’é­ga­li­té des chances, les ser­vices d’in­té­rêt pri­vé ren­dus par des élus à des Français ordi­naires ont ali­men­té une légende noire. La République des cama­rades ou des comi­tés, la République radi­cale aurait favo­ri­sé le clien­té­lisme, la cor­rup­tion et le passe-droit. Ce livre invite à ren­ver­ser les pers­pec­tives et à aller plus loin que ces dis­cours polé­miques, du côté des élus, des fonc­tion­naires char­gés de la ges­tion offi­cieuse des plaintes, et sur­tout de la masse des sol­li­ci­teurs, res­tée dans l’ombre. Qui demande quoi à son dépu­té, et pour quelles rai­sons ? Comment un élu inter­vient-il en faveur d’un tiers ? Quels sou­tiens poli­tiques engagent les ser­vices espé­rés ? À par­tir de cor­res­pon­dances de par­le­men­taires radi­caux, croi­sées avec des sources mul­tiples, ce livre montre com­ment les demandes sociales per­son­nelles et les liens poli­tiques se sont imbri­qués, dans un dépar­te­ment pro­ven­çal — le Vaucluse — domi­né, de 1924 à 1940, par la figure d’Édouard Daladier, homme poli­tique de pre­mier plan. Évoluant au rythme de la France radi­cale, les pra­tiques clien­té­listes se sont peu à peu démo­cra­ti­sées, avant de subir le contre­coup de la crise des années 1930. En dépit de la popu­la­ri­té natio­nale d’Edouard Daladier, un fos­sé s’est creu­sé entre ces attentes sociales, les expres­sions poli­tiques et les choix du gou­ver­nant. L’entrée dans la deuxième guerre mon­diale a don­né le coup de grâce à ces sys­tèmes de pou­voir, avant le sabor­dage du régime. L’analyse loca­li­sée, appuyée sur des com­pa­rai­sons avec des pays voi­sins — Espagne, Italie — explore la faillite des clien­té­lismes libé­raux, dans l’Europe médi­ter­ra­néenne du pre­mier XXe siècle. En France, cette faillite, plus tar­dive, est liée aux effets dif­fé­rés de la Grande Guerre, ain­si qu’à la conver­sion dif­fi­cile de l’État, de l’as­sis­tance aux plus fra­giles à l’as­su­rance des ayants droit. Faisant du « pis­ton » ordi­naire un objet d’his­toire, ce livre donne un coup de sonde dans l’é­pais­seur sociale de la repré­sen­ta­tion poli­tique, en démocratie.

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