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La Fin de la “Force Noire”

En sep­tembre 1944, les fameux tirailleurs séné­ga­lais, sol­dats afri­cains de l’armée fran­çaise ori­gi­naires de l’ensemble des colo­nies fran­çaises de l’Afrique sub­sa­ha­rienne, figurent par­mi les libé­ra­teurs. L’hiver 1944 – 1945 est ain­si celui du revi­re­ment. Le sol­dat adu­lé devient un sol­dat hon­ni dont on doute. Les inci­dents se mul­ti­plient avec, comme point d’orgue, la tra­gé­die de Thiaroye, au Sénégal, où plu­sieurs dizaines de tirailleurs récem­ment rapa­triés tombent sous les balles françaises.

Mais le dis­cré­dit s’estompe face aux réa­li­tés du moment. Les tirailleurs séné­ga­lais sont tou­jours les « dogues noirs de l’Empire » comme les sur­nomme Léopold Sédar Senghor en 1945 : insur­rec­tion du Constantinois en mai 1945, Damas, Maroc. Ils sont enga­gés dans la répres­sion de l’insurrection mal­gache en mars 1947. Chacune de ces cam­pagnes est alors mar­quée par la vio­lence de la répres­sion et par de nom­breuses exactions.

Ils repré­sentent près de 20 % du corps expé­di­tion­naire fran­çais en Indochine en 1954. En Algérie, les Africains sont pré­sents depuis le début du XXe siècle.

Le contexte nou­veau des guerres colo­niales érode éga­le­ment l’un des autres fon­de­ments de la « Force Noire », celui de la confiance. La méfiance est alors géné­ra­li­sée, tous les signaux pou­vant être inter­pré­tés au mieux comme une défiance, au pire comme une col­lu­sion entre colo­ni­sés. Pourtant, aucune défec­tion col­lec­tive ne vient mar­quer la période. Les déser­tions demeurent indi­vi­duelles et rares.
La période qui s’ouvre ain­si après 1945 est d’abord celle du retour à la mis­sion ini­tiale, celle de la défense de l’Empire. Pourtant l’Empire n’existe plus dès 1946, lais­sant la place à l’Union Française puis à la Communauté. Parmi eux, cer­tains connaî­tront des des­tins natio­naux à la tête des nou­veaux États africains :

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