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Hymnes de sang

Nouvelles du Tadjikistan - Choisies, traduites et présentées par Stéphane Dudoignon

Tadjikistan, 1989. La per­es­troï­ka bat son plein dans cette petite répu­blique d’Asie cen­trale fron­ta­lière de l’Afghanistan. Si elle est la plus pauvre de l’Union sovié­tique, sa capi­tale, Douchanbeh, abrite une intel­li­gent­sia artis­tique et lit­té­raire ori­gi­naire de toute l’Union. Avec plus d’acuité qu’ailleurs, dans une URSS qui sait alors ses jours comp­tés, se pose la ques­tion de la rela­tion à un ter­ri­toire, à un pas­sé héri­tés de la colo­ni­sa­tion russe puis de la sovié­ti­sa­tion. Une géné­ra­tion de jeunes écri­vains anti­con­for­mistes inter­roge cet héri­tage, à la lumière de sa redé­cou­verte gra­duelle de l’histoire du xxe siècle et des scan­dales éco­lo­giques qui suivent la catas­trophe nucléaire de Tchernobyl, en Ukraine. La plu­part sont issus des hautes val­lées de ce pays de mon­tagne, qui ont été vidées de leur popu­la­tion sous Staline et Khrouchtchev, dépla­cée pour aider au déve­lop­pe­ment indus­triel de l’agriculture coton­nière. Au cœur de leur tra­vail : le « retour » (en per­san tad­jik, baz­ga­sht) impos­sible vers des hautes terres idéa­li­sées, que leurs parents ont dû aban­don­ner à par­tir du len­de­main de la Seconde Guerre mon­diale, et l’accommodation à une socié­té agro-indus­trielle qu’une longue suc­ces­sion de vio­lences poli­tique appa­rente, pour cer­tains, à un vaste cime­tière. Au ser­vice de cette écri­ture : un recours déca­lé aux genres rois que sont la nou­velle dans la lit­té­ra­ture russe et l’essai-reportage dans la lit­té­ra­ture sovié­tique, inter­pré­tés comme variantes grin­çantes du conte popu­laire persan.

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