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Esclaves et résistances à l’île Bourbon (1750−1848)

De la désobéissance ordinaire à la révolte

Le der­nier siècle de l’esclavage légal (1750−1848) dans l’île Bourbon. Dans une socié­té de domi­na­tion où la parole de l’esclave est étouf­fée, les archives judi­ciaires lui donnent voix au cha­pitre, car, enfrei­gnant les règles ima­gi­nées pour le contraindre et le nier, elles per­mettent enfin à l’esclave d’exister.

En dres­sant le tableau d’une île escla­va­giste à part, la Bourbon des Mascareignes, ins­crite dans l’histoire colo­niale fran­çaise de l’océan Indien, l’auteure cherche à uti­li­ser les chiffres pour inter­ro­ger les résis­tances ser­viles spé­ci­fiques à cet espace : entre la « pré­ser­va­tion », la « rup­ture » et « l’agression », la résis­tance, qui prend sou­vent les traits d’actions ordi­naires, sert sur­tout à limi­ter la vio­lence d’un quo­ti­dien et à contour­ner la coer­ci­tion. Mais peut-on par­ler de « résistances » ?

L’usage de ce mot a pu être polé­mique, notam­ment à la Réunion, car il fut uti­li­sé par des mili­tants cultu­rels qui esti­maient que le com­bat mené par les esclaves mar­rons était ana­logue à celui des Résistants de la seconde Guerre Mondiale, voire à celui des Fellaghas de la guerre d’Algérie. Mais le tra­ves­tis­se­ment ana­chro­nique ou poli­tique d’un mot ne doit pas inter­dire son usage à bon escient, sur­tout lorsque celui-ci fait sens pour évo­quer la chaîne des insur­rec­tions ser­viles que l’on constate pen­dant toute l’histoire négrière.

Ce dia­logue est aus­si une porte d’entrée pour appré­hen­der un vécu d’esclave muré dans le silence du pas­sé mais qui trou­ve­ra ici l’occasion d’une expres­sion singulière.

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