Au Musée National d’Art Ancien de Lisbonne, le portrait du roi Dom Sébastien de Portugal, réalisé à la fin de l’année 1570 par le peintre Christophe de Morais, ne peut laisser insensible le visiteur. Le destin tragique du jeune souverain se termine en effet dans une expédition guerrière sur le sol marocain, le 4 août 1578, lors de la bataille d’Alcácer Quibir. Ce jour-là, l’armée portugaise connut la plus cuisante défaite de son histoire. Les conséquences de cette défaite furent capitales pour l’avenir immédiat du royaume. Avec ses soldats et de très nombreux membres de la noblesse, le royaume perdit également son jeune monarque, disparu à l’âge de 24 ans, célibataire et sans descendance directe. Deux ans plus tard, après l’éphémère règne du vieux cardinal-roi D. Henrique, le pays perdait son indépendance au profit de Philippe II d’Espagne, fils de Charles Quint et de l’infante Isabelle de Portugal, qui réalisait ainsi au profit de l’Espagne l’union de la péninsule Ibérique. En partant du tableau de Morais, l’auteur entraîne le lecteur dans cette histoire tragique, capitale pour le Portugal, en soulignant les causes d’une aventure imprudemment menée sur le sol marocain par un roi mystique, motivé par d’apparents objectifs stratégiques, mais également aveuglé par un désir puissant de croisade contre les Musulmans, une quête avide de gloire et de reconnaissance internationale, et un idéal chevaleresque d’un autre temps.