Le présent ouvrage retrace l’histoire mouvementée des bagnes de Guyane et présente une abondante iconographie inédite, issue des archives des Jésuites et de fonds privés récemment mis au jour. La prise en compte, pour la première fois, des archives de la Compagnie de Jésus, restitue à cette histoire une dimension essentielle dont elle avait été totalement amputée jusqu’ici. Les Jésuites ont, en effet, été les seuls aumôniers exclusifs de la transportation. Appelés à participer à la mise en ouvre de ce châtiment, ils ont été des témoins impuissants, plus que des acteurs du processus. Leur correspondance, en particulier, qui couvre la période de 1852 à 1874, dévoile l’existence de tout un courant de réflexion sur l’intérêt de la peine et dit une véritable foi en la capacité de redressement du condamné, sentiments et convictions que les membres de l’Administration pénitentiaire ont été loin de partager, si l’on en juge par les actes. Les bagnes prennent, par ces documents, leur place pleine et entière dans l’histoire de la Guyane, en même temps que se dévoile l’image de la colonie dans l’esprit des Français de l’époque. La République de l’An I avait été la première à imprimer officiellement à cette image le profil de « guillotine sèche » qui sera parachevé par la seconde République, par le second Empire, puis par la IIIe RépubliqueAu bout de cette aventure coloniale autant que pénitentiaire, l’Armée du Salut portera sur les condamnés un regard proche de celui des Jésuites, cherchant à restituer aux « bagnards » une part de cette humanité dont le châtiment les avait dépouillé. Cette démarche fera le succès de son entreprise. L’action politique sera nécessaire pour faire disparaître les bagnes de Guyane. Gaston Monnerville sera le champion de l’abolitionnisme, soutenu dans sa démarche par l’Armée du Salut puis, de façon inattendue, par les secousses de la seconde Guerre mondiale. Au bout du compte, la réflexion sur le châtiment et sur le condamné, si bien exprimée par les Jésuites et par l’Armée du Salut, paraît cependant loin d’avoir emporté la partie.