Le Pacifique nord apparaît aujourd’hui comme le lieu essentiel des flux commerciaux mondiaux, encadré sur ses rivages par les plus grandes puissances politiques et économiques actuelles : États-Unis, Canada, Chine, Russie, Japon. Or, c’est aux Espagnols que l’on doit la mise en communication irréversible de ces mêmes rivages, au XVIe siècle, dans le prolongement de la conquête américaine. La fondation d’un circuit maritime hémisphérique reliant la Chine à l’Amérique allait devenir une route commerciale et humaine entre Manille et Acapulco, parachevant le désenclavement planétaire et accélérant la première mondialisation des temps modernes. Cet ouvrage étudie cette dernière grande phase de l’expansion espagnole, au-delà de l’Amérique, en s’appuyant sur les récits de voyage espagnols et sur la première documentation coloniale issue des Philippines, conquises dès 1565. Il rappelle combien l’héritage des voyages terrestres médiévaux vers l’Asie a influé sur la percée des Espagnols et des Portugais dans l’Atlantique à la fin du XVe siècle, jusqu’à leur prise de position en mer de Chine méridionale dès la seconde moitié du XVIe siècle, en quête d’épices puis de soies chinoises. Les discours espagnols viennent compléter le savoir portugais sur l’Insulinde et le monde chinois pour constituer les premières représentations occidentales de l’Asie extrême-orientale.